mercredi 4 décembre 2013

Paranormée

Pierre Scendal, 2012, France
Séries de peintures sur toile, 240cm x 240cm / 180cm x 180cm

Que retenir de "Paranormée", si ce n'est une expansion canalisée ? Oscillant entre césure et réunion(s), cette oeuvre de deux pièces de dimensions dissemblables appelle pourtant une géométrie raffinée et pensée, en forme d'axiome (ne peut-on y voir une coïncidence entre le nombre de symboles répétés à l'identique -trois croix et quatre cercles- et les dimensions de l'oeuvre -180 étant les trois quart de 240- ?). Sans vouloir tenter d'exégèse, car nul n'aurait cette prétention avec un artiste tel que Pierre Scendal, on peut facilement ressentir, aidé de ce trait parcourant ce faux diptyque, toute l'énergie émanant de l'oeuvre. Tiraillement entre symbolismes et mises en abimes, réconciliation brutale des géométries..."Paranormée" offre, pour qui saura s'y immerger, une infinité de réponses. Pierre Scendal déclara : "C'est par la force du questionnement que l'on s'affranchit de l'aléatoire contraction du hasard". On ne peut que lui donner raison.

mardi 21 mai 2013

Dispersion (700/4500)

Chrizstof Letoof, 2013, France
Bois, 250cmx180

"Dispersion (700/4500)" est une oeuvre bidirectionnelle, où relief et textures s'entremêlent, où vagues et ondulations confrontent la géométrie du bois brut. Au delà du mouvement figé, tel un instantané, la structure vit au rythme de ses pleins et déliés. Letoof ne voit nullement ici un refus de la géométrie et du carcan cartésien, mais une "ode à l'aléatoire structuré, fruit d'une recherche combinatoire". Libre de faire sien le chemin tracé par l'artiste, de laisser déambuler le regard jusqu'à s'arrêter, tant sur une surface en retrait, tant sur une aspérité pour enfin saisir la musicalité visuelle de toute l'installation. Anoblissement des matériaux au travers d'une transcription visuelle audacieuse du rythme universel, harmonie des assemblages et digressions chromatiques arrangées, Letoof signe avec "Dispersion (700/4500)" une oeuvre aboutie, en accord avec son temps.



mercredi 27 février 2013

Four faces

Jörgen Ólaffson, 2013, Danemark
Peinture sur verre, 180cmx180

"Four faces", oeuvre brute et poignante, résume à elle seul le renouveau de l'art scandinave. Auto proclamé "post-pointilliste", Jörgen Ólaffson use de ses pigments pour nous assener une défabrication méthodique et froide du portrait académique. Division, géométrie et répétition de l'espace, intrusions polychromatiques où le festif vacille et s'érode en teintes froides, donnent à offrir une vision équivoque de l'oeuvre. Alternant subtilement sombres redondances en forme d'antiennes visuelles et affirmations formelles d'un bonheur figé, "Four faces" nous régale finalement d'un optimisme quasi-péremptoire en forme de sourire(s). Faire un tout de fragments, recomposer le parcellaire et le diviser de nouveau en quatre parties égales en intensité sans perdre le fil du propos, telle est la force d'Ólaffson, qui nous offre une fois encore un travail majeur.



jeudi 21 février 2013

3 fois 42

Eric Sapassure, 2012, France
Aluminium et plastique, 40cmx50

Se définissant comme plasticien-mathématicien, Eric Sapassure affirme dans cette oeuvre de sa série "chiffromancie" (débutée en 2006) que l'art a vocation de théorème. Réflexion binaire sur un système décimal figé, rencontre du rationnel et de fugitives impressions, Eric Sapassure impressionne, usant jusqu'à la corde les algorithmes mis à sa disposition pour produire in fine une oeuvre majeure, axiome d'un art mathématique souvent méconnu. Subtil placement des chiffres, suites numériques ordonnées... tout aboutit à une démonstration parfaite, où le zéro final n'a plus valeur de résultat, mais ouvre bien un nouveau cycle de réflexion. 3 fois 42, au résultat d'apparence si évident, offre pourtant une équation intellectuelle à plusieurs inconnues où le spectateur saura amener la variable nécessaire à la bonne compréhension de l'oeuvre, pour faire sien le résultat obtenu.